12e FESTIVAL DES GLOBE-TROTTERS en Avignon


 L'exposition photos 

 Cécile MIRAMBEAU - Mongolie - Une exposition de photos en Mongolie. Mais au-delà de la présentation de mes images c'est aussi le message sur le devenir des nomades, de notre responsabilité en tant que visiteur, ...

Parce qu’ils sont infinis, les paysages mongols nous interpellent sur notre manière de consommer l’espace. Oui, nous consommons nos lieux de vie, épuisant le vide autour de nous et créant un vide en nous. Du même coup, c’est oppressé que nous cherchons l’évasion dans les vastes solitudes des pays dans lesquels notre mode de vie n’a pas encore été exporté. Oui nous sommes en manque d’espace lorsque le Tupolev nous jette sur le tarmac d’Oulan Baator.

La première gorgée de steppe est comme un coup au cœur.

A mesure que nous la pénétrons, nous nous interrogeons sur la cause de notre émotion, sur le pourquoi de nos agendas trop remplis, sur le sentiment de liberté qui nous prend aux tripes dés les premiers km et donne envie de chevaucher ces chevaux qui galopent crinière au vent.

L’homme n’a ici que peu d’impact sur le territoire qu’il occupe. Le climat est dur, l’espace infini, … les paysages semblent quasi vierges.

Seules quelques yourtes ponctuent le territoire, plantées comme des champignons.

C’est en harmonie avec son environnement que le peuple mongol a traversé le temps sans rien changer à son mode de vie. Naturellement, il respecte l’eau, la terre, le feu, les forêts et les lacs. Tout est sacré. Tout est utile.

L’élevage est au centre la vie nomade. La nature au centre des croyances.

Mais ce mode de vie est en voie de disparition. Nous en sommes responsables malgré nous et il est difficile de savoir si l’on doit s’en réjouir ou le déplorer.

Le gouvernement mongol souhaite sédentariser 80% de la population d’ici fin 2010. Travaux routiers et urbains, incessants.

Vente des richesses du sous-sol au plus offrant et donc vente de la terre.

Le besoin de remplir les caisses de l’état pour accompagner de développement économique et sanitaire de la Mongolie conduit à un projet de recensement et donc au projet de taxation des terres : accès à la propriété privée ?

Ainsi, les rangs de ceux qui ont quitté la vie nomade grossissent chaque jour et leurs yourtes entourées de palissades envahissent les collines des faubourgs d’Oulan Baator. Les femmes portent des talons aiguilles et les voitures grouillent dans tous les sens.

Parce qu’ils ont tout perdu suite à une catastrophe climatique (Zud) ou parce qu’ils veulent adopter un nouveau mode de vie semblable à celui des touristes que nous sommes, ils quittent la steppe plein d’espoir ou de désespoir. Beaucoup y trouvent désillusion, pauvreté, alcoolisme, …

Comment supportent-ils les palissades et le béton ceux dont le regard n’était jamais fermé sinon par l’horizon ?

 

Les camps de touristes fleurissent dans la vallée de l’Orkhon, sur les rives de l’Hosvgol, au cœur du Gobi. Les bouteilles en plastique, vieilles chaussures, boites de conserve jonchent la steppe. Oulan baatar démolit et construit jour et nuit grignotant la steppe.

C’est par le tourisme et le commerce que la culture mongole perd de son authenticité et se prépare à la révolution de l’économie de marché.

Consciente de l’impact infime de mon témoignage et de ma chance d’avoir connu l’espace d’un été la culture des derniers nomades de Mongolie.

Consciente de mon privilège d’occidentale qui, en économisant un peu, parvient à s’envoler à l’autre bout de la terre pour se « ressourcer » dans ces vastes solitudes.

Consciente de la part imperceptible de ma visite dans le processus de mondialisation.

Consciente du droit de tout peuple à l’amélioration de ses conditions de vie, notamment son droit à la santé.

Mais consciente que la Mongolie que j’ai vu ne sera bientôt plus, je vous présente aujourd’hui la Mongolie qui m’a touché : des paysages sans fin, des hommes et des femmes sincères, fiers et épanouis malgré des conditions de vie difficiles.


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